Jack Lang a donné le coup d’envoi de sa campagne devant 600 partisans réunis à La Mutualité. Fort du soutien des jeunes, le député du Pas-de-Calais a un seul objectif : battre Sarkozy.
Jack Lang éternel candidat ?
Non. J’ai voulu simplement repositionner la question du choix du candidat sur le vrai sujet : “quel président pour la France aujourd’hui, ou l'année prochaine ?” Mon sentiment : notre pays exprime une double aspiration. Une aspiration à la protection et à un souffle nouveau. Je crois que le candidat à la présidence de la République ou le futur président doit être quelqu'un qui, par son expérience et sa connaissance de l’appareil d’Etat, puisse mieux protéger le pays, les citoyens et en même temps être bâtisseur, constructeur, inspirateur d’un souffle nouveau.
Jack Lang éternel curieux ?
Ce qui me passionne le plus, c’est d’avoir le sentiment d’être encore à l’école, à l’école de la vie, des gens, à l’école de tout ce qui vit dans ce monde où nous sommes.
Vous êtes le candidat favori des jeunes. Pourquoi n’y a-t-il aucun candidat vraiment jeune chez les socialistes, comme Vincent Peillon ou Julien Dray ?
Je ne sais pas où commence et où finit la jeunesse ! Les jeunes n’ont pas nécessairement ce regard que vous portez tous sur les responsables politiques. J’ai le privilège, la chance et le bonheur d’être aujourd’hui l’homme politique le plus populaire dans la jeunesse. Un sondage IFOP me donnait gagnant à l’élection présidentielle face à Nicolas Sarkozy à 62 % contre 38 %. Je crois que, jusqu’à présent, aucun homme politique n’a obtenu une telle victoire d’intention de vote face à Nicolas Sarkozy.
Un autre sondage TNS/Sofres/Unilog vous donne 23,5 % des intentions de vote contre 34 % à Nicolas Sarkozy. Vous êtes le deuxième candidat socialiste derrière Ségolène Royal, à 32 %.
Favori depuis longtemps dans les sondages, je ne me suis jamais laissé enivré par eux ni abattre
si, tout à coup, ils connaissaient une baisse. Les sondages ne sont que des mesures très relatives des choses.
Cette popularité, c’est parce que vous êtes l’un des rares à promouvoir la légalisation du cannabis ? Ou que vous êtes le promoteur de la Fête de la musique, de la Gay Pride ?
J’ai eu la chance d’être à la tête de deux ministères tournés vers la vie, vers la création. J’ai mené des actions qui ont frappé l’imaginaire. Au-delà, c’est un rapport, une relation que je peux avoir avec les jeunes. Ca fait partie de ma manière d’être, ma façon de ressentir les choses. Pour vous dire la vérité, la société des adultes installés m’ennuie plutôt. Elle est souvent convenue.
Mais vous êtes, vous-même, un adulte installé.
Oui, bien sûr, je ne cherche pas à être autre chose que ce que je suis, c’est peut-être pour ça d’ailleurs que je suis reçu comme quelqu’un qui a des défauts mais qui reste lui-même. Ma relation avec les jeunes est directe, simple, franche sans détour et sans manière.
Vous dites que Nicolas Sarkozy est votre seul ennemi, mais n’est-ce pas un peu devancer les choses ? Votre premier ennemi n’est-il pas la division de la gauche ?
La droite est dans un tel état aujourd’hui que tout bon candidat de gauche à de grandes chances de l’emporter. Notre seul adversaire, c’est Sarkozy. Je trouve déplorable que les candidats potentiels, virtuels et autoproclamés du PS passent leur temps à entrer en rivalité les uns avec les autres.
L’un de vos combats est celui de la régularisation des sans-papiers. La circulaire Sarkozy sur la régularisation de 720 familles ne va-t-elle pas dans votre sens ?
C’était le minimum qu’on puisse attendre d’un ministre de la République français.
Les 700 qu’il a régularisés sont des jeunes nés sur le territoire français. Vous imaginez qu’on les
chasse ? Si notre législation reconnaissait pleinement le droit du sol, ces enfants seraient français
dès la naissance. Mais la question reste posée pour des milliers de jeunes qui aujourd’hui poursuivent leur scolarité.
Le gouvernement prône le cas par cas, vous êtes pour une régularisation globale. Ne craignez-vous pas d’ouvrir la boîte de Pandore ?
D’abord il y a la question des jeunes scolarisés. Il faut qu’il y ait une règle simple, claire, il faut assurer à ces jeunes la possibilité de poursuivre leurs études en France. On ne va pas faire dépendre leur maintien en France de l’appréciation plus ou moins arbitraire de telle ou telle administration.
Et pour les autres ?
Je pense qu’il faut sortir de l’hypocrisie. Il faut regarder les choses en face, la lâcheté de la plupart des hommes politiques est confondante. Il y a environ 300 000 sans-papiers en France. Alors, que décide-t-on ? Sarkozy dit “je les mets dehors”. Or, malgré la puissance de son administration, il ne peut faire quitter le territoire à seulement 20 000 ou 25 000 d’entre eux chaque année. D’abord parce que c’est très difficile, très coûteux, j’ajoute que c’est inhumain et stupide. 10 % partiront mais 90 % resteront en France. On doit assurer une régularisation large. Les critères peuvent être : 5 ans de présence en France et un emploi à mi-temps.
En 1982 naissait la Fête de la musique, est-ce une de vos plus belles réussites ?
Nous en avons eu l’idée avec Maurice Fleuret et Christian Dupavillon. Elle existe aujourd’hui partout dans le monde le premier jour de l’été. C’est un succès, mais il y en a d’autres.
Bertrand Delanoë dit “merci” à Jacques Chirac pour le musée des Arts premiers. Et vous ?
Il y a si peu d’initiatives culturelles. Je les ai toujours soutenues. Tout ce qui est bon pour la culture française doit être soutenu. Par ailleurs, ce musée est conçu par un architecte que j’aime beaucoup, qui avait fait l’Institut du monde arabe en 1981. La collection est prodigieuse, de toute beauté. Par conséquent, je suis heureux pour la France. J’aurais tout de même voulu dire à Monsieur Chirac : “Peut-être aujourd’hui pouvez-vous accomplir un grand geste. Inaugurer le musée et en même temps régulariser les petits enfants de ceux dont vous honorez les œuvres.”
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