«Rassembler à gauche»
Il faut nous rassembler», c’est sur ces mots que Marie-George Buffet a débuté hier le discours de clôture de la Fête de l’Humanité. Un rassemblement «le plus large possible», a-t-elle précisé.
Devant 50 000 personnes, la secrétaire nationale du parti communiste a rappelé que le PCF plaidait pour une candidature unitaire de l’extrême gauche : «Je n’accepte pas que la gauche populaire soit cantonnée à un rôle protestataire. Je veux que tous et toutes ensemble nous créions
une dynamique débouchant sur une majorité et un gouvernement antilibéral.»
Les spectateurs de la fête de l’Humanité sont venus écouter Cali, Raphaël, les Têtes Raides ou encore Bénabar. Mais ils ont aussi pu assister à la campagne de la gauche pour l’élection présidentielle. De la Ligue communiste révolutionnaire au parti socialiste, tous les partis étaient représentés à La Courneuve ce week-end. Et le rassemblement n’était pas l’apanage de la secrétaire nationale du parti communiste français. Les présidentiables socialistes en campagne dans les allées de la fête de l’Huma portaient le même étendard. Laurent Fabius a été accueilli dimanche à La Courneuve avec plus de chaleur que l’an passé, lorsque son passage s’était soldé par un jet d’œuf. Il s’est présenté à Marie-George Buffet comme «porteur d’un message : c’est qu’il faut rassembler la gauche pour réussir à changer la France.» La veille, à Lens, l’ancien Premier ministre s’était déjà fait l’avocat du rassemblement de la gauche alors qu’il passait son «grand oral» de présidentiable du PS.
Jack Lang est allé plus loin en se déclarant «optimiste» sur les chances de la gauche en 2007 «parce qu’il y a une volonté populaire à la base, profonde, de rassemblement». Car s’il est venu «d’abord pour le plaisir», Jack Lang n’oublie pas que la Fête de l’Huma est une tribune essentielle pour sa campagne. Lui aussi est revenu sur le débat entre les cadres du PS, samedi, où les querelles de candidats à l’investiture PS ont été mises de côté : «l’important était de montrer qu’on pouvait se parler entre adultes, se respecter les uns les autres. Ensuite, les militants feront leur choix en âme et conscience.»
D’autres socialistes sont venus avec un message d’unité pour leurs camarades communistes. Henri Emmanuelli a ainsi appelé les formations de gauche à «s’asseoir autour d’une table» pour discuter d’un programme commun pour la présidentielle. Le premier secrétaire du PS, François Hollande, avait cadré ses troupes et espère les réunir autour d’un «contrat de gouvernement».
La grande absente de la parade était Ségolène Royal, en déplacement à Madrid où elle a rejoint les socialistes espagnols. Mais s’ils se sont retrouvés ensemble entre les concerts, le rassemblement de la gauche en 2007 ne se fera pas à n’importe quelle condition. Ainsi, le porte-parole de la LCR, Alain Krivine, a indiqué qu’il était «pour l’unité la plus large dans la lutte». Mais son parti n’est pas prêt à signer «un quelconque accord parlementaire, gouvernemental, avec la direction du PS». Le leader historique de la formation trotskiste a affirmé que le programme socialiste était «un programme libéral, de A à Z».
Plus défaitiste, Patrice Cohen-Seat, membre du comité exécutif du PCF, s’est déclaré «pas très optimiste sur la victoire de la gauche l’an prochain». D’après lui, les Français ont «un véritable soupçon sur la capacité de la gauche à faire mieux que la droite sur les grands dossiers ».
Alors, si le temps du rassemblement politique n’est encore qu’un projet pour la gauche, la musique a réussi à réunir 500 000 personnes pour faire la fête.
ALEXANDRE GIRAUD
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