On les croise dans les grands hôtels européens ou sur les tarmacs d’aéroports de brousse. Ils sont trafiquants d’armes. Laurent Léger, grand reporter, collaborateur au Point, dresse leurs portraits, et bien d’autres, dans Trafics d’armes, enquête sur les marchands de mort (Flammarion). Comment ces hommes peuvent-ils disposer d’une flotte autonome d’avions cargos pour ravitailler les combattants afghans, soit l’Alliance du Nord, soit les talibans, soit les deux parallèlement ?
Comment font-ils pour fournir en armements lourds les armées bosniaques et croates alors qu’un blocus serré a été imposé par les Nations unies pour limiter le conflit yougoslave ? Dans bien des cas, grâce à l’intercession des services spéciaux (CIA, DGSE, Mossad, MI6…) qui savent utiliser les agissements de ces VRP particuliers – ou tout au moins fermer les yeux sur leurs transactions – en fonction des impératifs politiques ou géopolitiques du moment. S’agit-il pour autant d’activités médiocrement barbouzardes ? Et bien souvent, ces trafiquants sont considérés comme les soupapes de sécurité de la démocratie libérale et du droit international, sans lesquelles le système trop rigide se paralyserait et imploserait. Tels sont les éléments d’une enquête passionnante, dans une zone trouble où le bien et le mal n’existent plus, ou presque.
Laurent Léger, Trafics d’armes,
enquête sur les marchands de mort,
Flammarion, coll. Enquête, 342 p., 20 €.
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