Une des premières évidences est que la politique sécuritaire dure va être en vogue en France dans les prochaines années. Aucun des favoris ne fait dans l’angélisme passé et les "sauvageons" de Jean-Pierre Chevènement vont bientôt passer pour de la bienveillance à l’égard des jeunes agités de banlieue.
Paradoxalement, Sarko et Ségo étant sur la même longueur d’onde répressive, peut-être seront-ils tentés de se démarquer l’un de l’autre par l’annonce de mesures préventives ou éducatives innovantes.
En relation avec ce qui précède, un des autres aspects intéressants à observer dans les mois prochains sera la "choix" du futur premier ministre, dans le programme des candidats. Les favoris opteront-ils pour un renforcement de leur ligne propre ou pour une alliance avec un autre bord de leur parti ou une autre pensée de leur famille politique par peur de ne pas rassembler assez dans son propre camp ou par envie de se démarquer de l’autre ? Là encore, le dilemne du prisonnier va être rééxaminé par les entourages politiques et nous assisterons peut être à une sorte de valse d’alliances en fonction des actions de l’autre.
La première de ces valses sera peut être d’ailleurs le mode de désignation du candidat de l’UMP. Cette formation peut-elle se permettre de désigner son candidat comme Nicolas Sarkozy le souhaitait jusqu’à présent alors que le PS, parti beaucoup plus traditionnaliste, vient de faire une superbe démonstration de démocratie interne.. Avec une candidate maintenant officielle qui fut tout d’abord désignée par l’opinion, le PS a placé (peut-être involontairement) l’UMP devant la nécessité de prouver que les choses ne sont pas dictées à l’avance dans un parti par son appareil.
La question principale derrière tout ça sera de savoir quel style (ou peut-être est-ce de la tactique
) va gagner... car nous avons 2 méthodes opposées. D’un côté, Ségolène Royal positive, ne répond pas aux attaques, énonce ses idées et tente de rassembler autour un maximum de gens. En face, Nicolas Sarkozy provoque et se crée des opposants pour mieux rallier et tenir son camp. On voit jusque dans l’analyse des mots et locutions employés dans leurs discours que Mme Royal existe POUR et que Mr SARKOZY existe CONTRE.
Les 2 tactiques ont leurs avantages et inconvénients. En cas de situation difficile, les français cherchent souvent un sauveur et préfèrent en général ceux qui sont contre le système établi, source des problèmes. Dans les autres cas, on est rapidement fatigués des schtroumpfs grognons et des empêcheurs de tourner en rond pour préférer ceux qui construisent et proposent
Bien entendu les politiques sont trop malins pour ne pas le savoir et les multiples études qualitatives qu’ils utilisent leur en disent bien plus.
On peut donc être sûr que le discours changera d’ici les élections pour passer par des phases où Nicolas Sarkozy sera plus constructif et Ségolène Royal plus "rupturante" mais au final, et peut-être dans le débat de l’entre 2 tours qui les opposera, on aura quand même face à face une femme qui a une image rassurante (allure sage, classique, non ostentatoire, physique régulier, cinquantaine rassurante de mère) et un homme combatif (allure nerveuse, physique un peu torturé). Nicolas Sarkozy ne pourra pas attaquer Mme Royal car quelque soit le bien fondé de ses critiques, si il s’attaque à cette image, il passera pour le méchant. Il devra donc éviter de répéter les erreurs de DSK et de Mr Fabius pour débattre différemment, à la limite en copiant la méthode de Mme Royal, c’est en dire en délivrant son discours sans prendre en compte sa concurrente et sans même en parler. Sera-t-il capable de ne pas attaquer le premier et d’attendre patiemment ? Si tel est le cas, Mme Royal aura-t-elle encore quelque chose à dire au delà de son attitude/image et de sa vitrine du Poitou ? Les débats entre lieutenants et réactions à l’actualité risquent fort de se transformer en tango.
Un troisième personnage pourrait profiter de ce jeu d’images opposées à somme nulle, un personnage avec une image différente..... Entre le coq et la poule, pourrait surgir un renard.. avec des défauts après tout bien sympathiques . Un personnage rusé, déjà dans le poulailler et bien copain avec tous les animaux de la ferme qui le trouvent somme toute bien marrant.. Certains le croient édenté mais ils oublient que pour rafler la mise, l’expérience compte beaucoup, l’instant de l’attaque est au moins aussi important que la force des jambes et que les animaux de la ferme sont en majorité de la même génération que lui ....Ce rusé renard à l’image à la fois rassurante et combative de par sa fonction pourrait bien transformer le tango annoncé en valse à 3 temps et faire tourner la tête aux danseurs annoncés...
Commentaires