LE TEST D’ASSOCIATION IMPLICITE (TAI) PERMET DE CERNER SES PREJUGES LES MIEUX ENFOUIS. S’IL S’ADRESSE SURTOUT AUX RECRUTEURS, IL EST AUSSI EN LIBRE ACCES SUR INTERNET. À PORTEE DE SOURIS POUR CEUX QUI VEULENT SAVOIR OU ILS EN SONT AVEC LES STEREOTYPES.
« Bien sûr qu’une femme ferait tout autant l’affaire qu’un homme pour ce poste ! » Vous avez sûrement déjà entendu ça au bureau… Et vu débarquer un nouveau collègue masculin dans votre équipe. Pourtant, vous ne diriez pas de votre boss qu’il est sexiste. Alors, comment expliquer son recrutement ? Aurait-il en lui des idées préconçues sur les missions qu’il convient d’attribuer à une femme ? Il s’en défendrait sûrement si vous lui exposiez clairement. Mais ces préjugés sont peut-être suffisamment ancrés en lui pour influencer inconsciemment son jugement.
C’est sur cette question que s’est penchée une équipe de chercheurs dirigée par Brian Nosek, professeur au département de psychologie de l’université de Virginie. Ils ont mis au point un test d’association implicite, présenté la semaine dernière au Forum mondial de l’économie responsable, à Lille.
Très rapide à effectuer, le test fonctionne par associations d’images et de mots. Il se décline en six versions, selon le critère que l’on veut vérifier et s’adapte aux spécificités du pays du testeur. Discriminez-vous par l’âge? le sexe ? la couleur de peau ? le poids ? Les origines maghrébines vous posent-elles un problème ? Êtes-vous très nationaliste ? Ces tests, rapides (environ 10 minutes), peuvent désarçonner au premier abord, mais ne vous arrêtez pas avant d’avoir vu la phrase « Veuillez attendre ». Cela signifie que le résultat est proche.
Si ces tests existent déjà depuis plusieurs années – six millions de TAI ont déjà été réalisés en ligne –, ce qui est nouveau, c’est son utilisation en entreprise. Dans le cadre de ses formations, Diverseo, une société de conseil en gestion de la diversité, propose aux directeurs des ressources humaines, managers ou personnels d’encadrement de passer le test. Le but ? Prendre conscience de leurs préjugés pour pouvoir les combattre et réaliser correctement un recrutement mixé.
Car si les entreprises commencent à s’intéresser à ces sujets, ce n’est pas par simple altruisme, mais surtout parce que se multiplient les études montrant que plus les équipes de travail sont différentes et complémentaires, meilleure est la rentabilité de l’entreprise. Ainsi, par exemple, les compagnies où les postes de management sont occupés par des hommes
et des femmes auraient vu leurs retours aux actionnaires augmenter de 34 %.
« Des tests sur le genre ont déjà été réalisés à plusieurs reprises. Un test femme/famille, femme/carrière a par exemple montré que 80 % des personnes qui avaient fait le test associaient plus facilement la femme à la famille qu’à la carrière », explique Nathalie Malige, présidente de Diverseo. Cette jeune dirigeante, qui a créé cette société en 2006, a déjà fait l’expérience du sexisme dans le travail : « Quand vous êtes une femme, on vous fait constamment des remarques sur votre émotivité ; si vous avez droit à une voiture de fonction, vous n’avez pas la même que vos collègues masculins et à un certain niveau de rémunération, vous n’évoluez plus. »
Vous aussi, allez vite vérifier ce que votre inconscient vous cache. Faites le test !
implicit.harvard.edu/implicit
Source : Madame Le Figaro
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