Le Président sud-coréen Roh Moo-hyun est arrivé ce mardi à Pyongyang pour un second sommet en sept ans avec son homologue du nord, Kim Jong-il. Fini la crise nucléaire ( l’Iran a pris le relais) et la froideur des relations, place aux symboles. Comme celui de M. Roh franchissant à pied la ligne de démarcation entre les deux Corées. Une première depuis plus de 50 ans ! Cette frontière fut tracée par l’armistice de 1953. Séparés par une zone démilitarisée, les deux pays sont pourtant toujours théoriquement en guerre.
Quel gain alors pour le Président Roh Moo-hyun qui financera la majeure partie des travaux ? Se redorer le blason à la veille des élections présidentielles. Malmené par une opposition conservatrice populaire, son parti, Uri, doit se renforcer rapidement. La poursuite des retrouvailles entre familles du Nord et du Sud séparées en 1953 est par exemple un bon filon émotionnel à exploiter. En dehors des intérêts financiers notables, le Président du Nord, Kim Jong-il a trouvé un autre avantage à ce rapprochement intercoréen : un changement d’image radical. Le dictateur un peu fou, qui inquiétait le monde entier au moment de la crise du nucléaire, est devenu l’un des instigateurs pour la paix entre les deux Corées. Deux gestes, ce sommet et son accord à une dénucléarisation du Nord, l’ont rendu respectable aux yeux de la communauté internationale. Même si il n’a pas été élu démocratiquement…
Etablir un régime de paix permanent, c’est l’un des objectifs de la rencontre entre les deux présidents. En finir une bonne fois pour toute avec les blessures de la guerre froide entre le Sud, sous influence américaine, et le Nord, sous l’emprise de la Russie. Les intentions sont louables, elles cachent aussi des intérêts politico-économiques certains. Pour Kim Jong-il, la Corée du Sud est un soutien économique dont il ne peut se passer. Une aide aussi bien alimentaire qu’utilisée pour des projets d’infrastructures massifs sur des zones industrielles. Rappelons qu’un habitant du Sud gagne 17 fois mieux sa vie que son voisin du Nord. Le projet de liaisons régulières entre les deux Corées par voie ferrées va aussi bon train.
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