Pour Françoise Giroud, le bonheur se résumait à faire ce que l’on veut et vouloir ce que l’on fait. Pour les Hindous, le vrai bonheur consiste à rendre les autres heureux…Les Tricolores ont respecté à la lettre ces hypothèses du ravissement béat, délicieux, bienfaiteur et enchanteur. En s’imposant 3 à 1 face à une équipe espagnole invaincue depuis 25 matchs, la “génération 98” se rappelle à notre bon souvenir. Hier soir, ce n’était plus l’équipe au rabais à laquelle on a droit depuis trop longtemps… Mais une formation combative, solidaire, efficace, qui s’est imposée face à la meilleure attaque de ce Mondial, autant dire au danger permanent. La libération viendra du benjamin de l’équipe, Franck Ribéry, plein d’intelligence et de sagesse dans son jeu, qui, par un but égalisateur au meilleur moment (41e min), galvanisera les Bleus, jusque-là menés et malmenés (but de Villa à la 28e min).
Il s’est passé quelque chose, indéniablement. Les voir rire, sourire, exulter, jubiler, libérés, pour enfin triompher. Depuis trop longtemps, cela n’était pas arrivé. Et l’on se surprend à y croire, de nouveau, transporté par l’allégresse et la confiance en un “temps retrouvé”, dernier stade de maturation dans La recherche… de Proust.
Supporter versatile ? Que celui qui y a toujours cru nous jette la première pierre.
Aujourd’hui, on a envie de se tourner vers l’avenir en toute sérénité, un avenir proche qui s’appelle Brésil, champion du monde en titre, cinq étoiles sur le maillot, le favori, le football dans toute sa splendeur, le berceau du beau jeu, la nation de Pelé… Le Brésil. Elu homme du match hier soir et auteur du deuxième but, Patrick Vieira est confiant : “Je pense qu’après le match que l’on vient de faire, on n’a aucun complexe à avoir face au Brésil, et on y croit”. Le capitaine et dernier buteur y croit également. Zidane ne pouvait pas nous quitter sur une défaite. Nous aussi, maintenant, on y croit. On aurait signé, pendant les éliminatoires, pour en arriver là, non ? Mais pas pour en finir là.
Plus pour en finir là.
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