INTERVIEW D’EMMANUELLE BÉART
Elle nous reçoit en toute simplicité, dans sa petite maison parisienne. Un entretien au cours duquel elle explique ses choix, ses engagements et sa passion pour les Bleus.
Vous avez la réputation d’être très vigilante dans le choix des films que vous tournez. Au risque de refuser une certaine popularité. Les témoins, d’André Techiné, que vous venez de terminer, correspond-il à votre exigence ?
S’il y avait vraiment une dissonance absolue entre les choix qui correspondent à vos envies et le fait d’être connue, je ne serais pas là au bout de vingt ans. Mon point de départ, c’est de ne rien calculer, ni dans ma vie privée ni dans ma vie professionnelle. Peut-être que les films que je choisis ont des thèmes plus délicats mais ils me donnent la sensation d’avoir une colonne vertébrale. La notoriété est sans doute aussi alimentée par des choses que nous ne contrôlons pas, comme la médiatisation. C’est souvent un succès qui en est le point de départ.
Vous faites partie des comédiennes qui semblent plutôt accessibles, sans paillettes ni chichis… Lorsque les gens vous rencontrent dans la rue, de quoi vous parlent-ils ?
Je pense qu’on parle plus facilement de la vie que du cinéma. Chacun est marqué par un film et ensuite ce film lui donne envie de connaître quelque chose de moi. On parle beaucoup de l’Unicef, de la vie tout simplement. Finalement, on parle très peu de cinéma.
Vous conciliez avec brio votre vie de mère, votre vie d’actrice et celle de femme engagée. Comment gère-t-on tous ces combats ?
D’abord, je retirerai le mot «brio» parce que ces trois facettes peuvent se déséquilibrer les unes les autres. Il y a des années où le cinéma prend plus d’importance au détriment des miens. Et d’autres où je suis plus présente. Mon engagement pour l’humanitaire représente beaucoup de temps, avec des résonances douloureuses sur le corps et le mental . C’est sans doute, inconsciemment, les raisons pour lesquelles j’ai arrêté l’Unicef. Arrive un moment où l’on réalise qu’on ne peut pas tout accumuler, et que l’énergie que l’on avait à vingt ans n’est pas la même à quarante.
Paradoxalement, c’est au moment où votre combat n’est plus mis en cause que vous passez le relais…
Justement, tous les doutes dont j’ai fait l’objet depuis dix ans – que ce soit pour l’Unicef ou pour les sans-papiers – serviront à la personne qui prendra le relais. Quant à dire si c’est un désengagement de ma part, c’est “non”. S’engager, c’est tous les jours, dans toutes les petites actions, les petits détails.
Vous étiez en 1998 au Stade de France, puis mardi dernier dans les gradins à Hanovre pour supporter l’équipe de France.
Oui, j’étais plongée au cœur même de l’action… Volontairement loin du carré VIP. N’ayant pas trouvé de place côté français, c’est auprès des Espagnols que j’ai soutenu les Bleus. J’ai toujours soutenu l’équipe de France dans ses victoires comme dans ses échecs, et j’étais très curieuse de savoir comment la presse allait retourner sa veste après avoir critiqué cette équipe. A travers ce groupe cosmopolite, c’est un peu tous les problèmes de société que l’on retrouve : l’intégration, la tolérance, le jeunisme, l’âgisme. Dans l’équipe de France comme dans les magazines féminins,
quand on a 34 ans on est considéré comme un vieux, et on pousse un joueur comme Zidane gentiment à la retraite. Aucun scénariste n’aurait pourtant écrit un aussi beau scénario que le match France-Espagne de mardi soir. Je n’aime pas cette façon de se dénigrer avant même que les choses n’arrivent. Il est important d’être unis derrière cette équipe. Nous ne devons pas considérer que nos joueurs sont Français quand ils gagnent et immigrés quand ils perdent.
Votre père a chanté “Je suis de toutes les couleurs…” La vôtre, en ce moment, c’est laquelle ?
Le bleu, bien sûr !
Guliver Poisien
Sympa, l'interview, belle femme en plus!
Rédigé par : Riqui | 03 juillet 2006 à 13:09
Un peu trop refaite à mon goût.
Rédigé par : Bisso | 03 juillet 2006 à 19:09