INTERVIEW DOMINIQUE PERBEN
Le ministre des Transports était hier soir l’invité du “Grand 8” sur Direct8. Valérie Trierweiler et Dominique Souchier l’ont interrogé sur les questions d’actualité (Chirac, EADS, le permis à points) et sur sa candidature à la mairie de Lyon.
Pensez-vous que Jacques Chirac a eu raison de soutenir son Premier ministre à la télévision avant le 14 juillet ?
La grande force de la Ve République, c’est de permettre au président de s’exprimer. Le 14 juillet, c’est un peu un autre exercice : le bilan de l’année écoulée, converser avec des journalistes. Il est apparu nécessaire au président de dire un certain nombre de choses avant la fin de la session parlementaire, à la fin de la semaine.
Le président n’exclut pas d’être de nouveau candidat. Vous y croyez ?
C’est à lui de dire ce qu’il a dire. On ne peut pas connaître la situation de début 2007. La Constitution ne fixe pas de limites. Il appartient au président d’apprécier la situation internationale, nationale et personnelle.
Si Jacques Chirac était candidat, voteriez vous pour lui ou pour Nicolas Sarkozy ?
J’ai envers le président un sentiment de loyauté. La probabilité que vous évoquez est peu envisageable. Si le président était candidat, Nicolas Sarkozy ne le serait pas.
Comment interprétez-vous le retour de Lionel Jospin, auteur d’une tribune dans la ujournal Le Monde sous le titre “La France ne peut pas s’offrir un rendez-vous manqué avec le peuple en 2007” ?
Ce texte est très jospinien. Le principal n’est pas dit. Le but de l’article, c’est dire “je suis là”. J’entends : “je suis candidat”.
Dans l’affaire EADS, nous voilà au terme des 72 h que Thierry Breton s’était laissées pour apporter des solutions à la crise. Où en sommes-nous ?
L’origine de la crise boursière, c’est l’annonce d’un retard dans la production de l’A380 pour des raisons de développement industriel. Il ne s’agit pas d’erreurs de conception de l’avion. Il s’agit d’une organisation de la production. L’entreprise doit expliquer aux actionnaires comment elle va respecter les nouveaux délais. Un an de retard sur un projet de cette ampleur n’est pas d’une excessive gravité.
Après un retrait de permis, faudra-t-il continuer à attendre six mois pour avoir le droit de le repasser ?
Il n’est pas question de modifier le système des sanctions sur les petites infractions comme les dépassements de moins de 20 km/h de la vitesse autorisée sanctionnées par une amende de 45 à 90 € et le retrait d’un point. C’est justement grâce au contrôle de la vitesse et à sa réduction que nous avons obtenu les résultats extraordinaires depuis quatre ans en matière de sécurité routière. En revanche, attention à la conduite sans permis. Les conséquences pénales et civiles peuvent être considérables. Le droit de repasser le permis est indépendant des raisons pour lesquelles on vous l’a retiré. Il faut faciliter le retour vers le permis. Je pense que le délai de six mois d’attente
obligatoire avant de le repasser est trop long et n’a pas d’utilité.
Le stage de responsabilisation des risques routiers après le retrait doit-il être obligatoire ?
Je pense que ça peut poser des problèmes d’organisation. Les échos que j’ai de ces stages sont très positifs. Il faut vraiment faire prendre conscience aux gens de leur responsabilité.
Est-il vrai que les tribunaux administratifs annulent le retrait une fois sur trois ?
Je ne connais pas ce pourcentage. Il me paraît étonnant, il n’y a pas tant de recours que ça. J’ai envie de proposer à ces personnes de visiter le service des grands accidentés dans les hôpitaux. Quelles seront vos autres propositions ?
Je souhaite qu’on avance vraiment sur la lutte contre la conduite sous l’emprise du canabis, qu’on fasse le point sur la mise en œuvre des tests salivaires et donc des possibilités de contrôle, et que nous débattions pour améliorer la sécurité des deux-roues. Nous avons fait des progrès : en 2005, le nombre de tués est de 4 975. Les radars, d’accord ça agace, mais c’est terriblement efficace. Et puis il y a tout le travail en profondeur, sur l’alcoolémie par exemple. La campagne pour dire qu’il faut qu’il y ait un copain qui ne boive pas. Tout le monde connaît “Sam” maintenant. Il faut continuer.
Vous avez déclaré que vous seriez candidat à la mairie de Lyon en 2008. Est-ce réaliste alors que votre emploi du temps de ministre vous maintient toute la semaine à Paris ?
Je passe trois jours par semaine à Lyon et il m’arrive de faire des allers-retours. Je me partage entre la ville où je vis et où je travaille. Je suis Premier vice-président du conseil général du Rhône, je mène donc la vie de tous les élus de France. J’ai promis de refuser tout nouveau poste, de ne me consacrer qu’à Lyon et d’y rester toute la durée de mon mandat si je suis élu. C’est un véritable travail à plein temps.
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