INTERVIEW DE DOC GYNÉCO
Il prône les “vraies valeurs”, s’insurge contre la vulgarité de la musique rap actuelle et veut mener une enquête sur la jeunesse criminelle. Non, il ne s’agit pas d’un énième candidat aux élections présidentielles, mais de Bruno Beausire, alias Doc Gynéco. Exit le provocateur enfumé, place à un homme réfléchi, sensible et sportif, aux antipodes des controverses qui ont forgé sa renommée. Surprenant d’authenticité et de lucidité, il dévoile en exclusivité à DirectSoir son étonnante métamorphose.
Parlez-nous de votre rencontre avec Johnny Hallyday, qui fêtait son anniversaire il y a quelques jours…
Johnny est le seul ami que j’ai dans le showbiz. Il a toujours tenu parole, il ne m’a jamais jeté de la poudre aux yeux. Il m’a appelé, et m’a pris à part un jour sur son bateau pendant deux heures… Il m’a engueulé comme jamais quelqu’un m’avait engueulé de ma vie. C’est lui qui m’a dit de perdre des kilos, d’arrêter de fumer et de boire, que c’était pour mon bien… J’en avais les larmes aux yeux.
Quand j’entends vos propos aujourd’hui, j’ai du mal à reconnaître le Doc Gynéco provocateur tant médiatisé...
Je vais contrecarrer tout ce qui est provocateur, tout ce qui est incompris sur moi, tout ce qu’on n’a pas bien vu. Les gens n’ont pas le temps, tout va très vite… J’ai des projets… J’aimerais bien faire une enquête sur la jeunesse. Par exemple, aller interroger, avec un psy, des criminels comme Florence Rey, et leur demander ce qui s’est passé dans leur tête au moment où ils ont tué quelqu’un ou planté un coup de couteau pour un mot de travers ou pour très peu d’argent. Parce que quelque part, la société est responsable.
Et la musique ? Vous identifiez-vous à la nouvelle vague de rappers populaires ?
Le rap est né en faisant plaisir à tout le monde : les bourgeois adoraient le rap, c’était un art nouveau qui arrivait. Mais on s’est fait rattraper par tous les mauvais côtés du rap américain : les liasses de dollars, les filles à moitié nues, la luxure… On n’a pas réussi à le faire aimer et apprécier de tous. On aurait dû avoir une musique mature et intelligente, mais à force de crier à outrance, ça a lassé les gens. Ça a tué le rap. Mis à part quelques “anciens”, comme NTM, on a affaire à une bande de c…. Il y a pas mal de rebelles sans cause, ça insulte à tout va, les textes sont mal écrits. Il y a de la vulgarité et ça crée de la violence. Je suis très déçu.
Peut-être que c’est vous qui avez changé ?
C’est mon devoir d’évoluer avec ma musique. Je ne comprends pas pourquoi les rappers qui ont aujourd’hui 40 ans tiennent un discours de jeunes de cages d’escalier. Ils nous font croire qu’ils fument encore de l’herbe, qu’ils portent encore la casquette à l’envers et d’énormes jeans… Je ne quitte pas ce public-là parce que je l’aime, mais j’ai envie de le sauver.
La situation est-elle donc irrémédiable ?
Il faut qu’on arrive à faire du rap ce qu’on a réussi à faire avec les footballeurs. Encadrer, recadrer, donner l’espoir à tous les jeunes. Avoir de vraies valeurs. On les a perdues dans le rap, mais dans le sport, elles sont toujours présentes. Nicolas Anelka, par exemple, est quelqu’un qui a de super valeurs. Il me dit : “ne fume pas, ne bois pas”. Il a de l’honneur et du respect. Mais quand je parle avec un jeune de mon quartier, plus je lui donne des conseils, moins il m’écoute et plus il va chercher le mal ou le vice et faire l’inverse.
L’avenir des jeunes passe-t-il par le foot ?
Le foot est un art. Celui qui ne connaît pas le foot n’est pas un intellectuel, parce que c’est un art populaire. Il y a de la stratégie, de la technique, un esprit et pour certains même une “religion” foot. C’est dans le ventre de notre mère que l’on commence à taper du pied : l’âme du foot est née là ! C’est un fabuleux rassembleur national. Je vois en tout cas le sport comme une super valeur, et c’est celle que je vais proposer à mes enfants.
Allan Van Darc
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