Vu et revu le boulevard ? Pas si sûr. Avec Dévorez-moi, Olivier Lejeune – à qui l’on doit notamment - Tout Bascule - revisite le genre en conjuguant avec maestria anthropophagie, humour fin et grande cuisine.
Interview avec un auteur qui a le sens de la recette.
Les ingrédients de base
Alain Gelma (Jean-Christophe Barc), l'un des meilleurs chefs au monde, réputé pour son établissement " La Tour
Anthropophagie et gastronomie l’exercice est corsé, qu’est-ce qui vous a inspiré un tel sujet ?
Un fait divers connu dans la presse sous le nom de l’ogre de Rothenburg, un Allemand qui avait dévoré sa victime consentante, la réalité dépasse souvent la fiction. Je me suis inspiré de cet Hannibal Lecter germanique, mais aussi du petit cercle très fermé de la grande cuisine, de ses chefs, de ses étoiles et de ses critiques, un monde où tous les superlatifs se côtoient et s’entrechoquent.
C’est un thème plutôt audacieux loin des sentiers battus du boulevard ?
Oui certains théâtres et journalistes ont été effrayés par le thème avant même de voir la pièce. Ce n’est pas le cas des spectateurs, même des plus jeunes qui se sont laissés séduire une fois la première surprise passée. L’exercice n’a qu’un objectif : faire rire, à aucun moment on ne verse dans le gore ou le voyeurisme. La situation est hors norme mais la pièce obéit aux exigences des trois unités de temps, de lieu et d’action. Le rythme monte crescendo avec une explosion en bouche pour le final. Pas de souci, la morale est sauve.
Vous jouez beaucoup sur les mots, on verse davantage dans l’humour fin que dans la grosse farce ?
C’est vrai les réparties fusent mais la pièce est aussi très visuelle et le rythme toujours plus soutenu, je veux que les spectateurs soient maintenus en haleine jusqu’à la dernière minute. Les personnages, une vieille fille déjantée, un critique machiavélique, un commis maladroit, une bombe sulfureuse ne manquent pas d’épices, bref tous les ingrédients d’un bon dîner à savourer jusqu’à la dernière bouchée.
Dévorez-moi
Gymnase Marie Bell
Paris 10 jusqu’au 8 octobre 2006
Gaelle BEZIER
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