Jusqu’à aujourd’hui, Jeanne d’Arc, la Marseillaise et le drapeau tricolore semblaient lui suffire.
Ce matin, le Front national a franchi une nouvelle étape dans sa quête de réappropriation des symboles nationaux. Le parti s’est rendu en ordre de bataille à Valmy, dans la Marne, à l’endroit précis où, le 20 septembre 1792, l’armée française stoppait l’invasion prussienne. C’était la première victoire militaire de la République. Pour les historiens de la Révolution, cette tentative de récupération de la fierté nationale par le FN mérite d’être dénoncée. Jean-Charles Chapuzet, auteur d’Extrême droite : du vol au viol de mémoire*, nous a confié : « Même si cette récupération est légale, elle n’est pas légitime. » Et d’ajouter : « L’histoire appartient à tout le monde. Le danger des pratiques du Front national, c’est qu’elles aboutissent à une perception travestie des symboles. »
Le choix de la célébration de la bataille de Valmy n’est pas innocent. Il permet à Jean-Marie Le Pen de réaffirmer opportunément son attachement aux valeurs de la république. Un rappel nécessaire à en croire Louis Aliot, le secrétaire général du Front national. Selon lui, le président de son parti entend défendre à Valmy ces valeurs contre le « communautarisme » et « l’Europe libérale ». A gauche, depuis l’annonce de la visite controversée, c’est la levée de boucliers. Une vingtaine d’associations antiracistes et de syndicats ont appelé à manifester à Valmy cet après-midi contre cette « manipulation dont le FN, parti d’extrême droite, raciste, xénophobe, est coutumier ».
Pendant ce temps, Jean-Marie Le Pen profitera de son déplacement symbole pour tenter de rattraper son retard dans les sondages, selon lesquels il se trouve loin derrière Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
THOMAS LIARD
(*) Editions Anovi (2003)
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