C’est un nouveau sujet d’échanges à fleurets mouchetés entre les deux favoris pour l’élection présidentielle de 2007. Depuis l’annonce par Nicolas Sarkozy du bilan officiel du nombre de régularisations de parents sans-papiers accordées cet été, associations et responsables politiques du centre et de gauche se mobilisent. Pour Ségolène Royal, le ministre de l’Intérieur a commis «un mensonge public».
Ce n’est pas tant le chiffre qui est contesté (6 924 sur 33 538 demandes), il s’agirait plutôt de la méthode employée. «Si on annonce les résultats avant même que les critères (de régularisation) soient examinés, au cas par cas, on ne dit pas la vérité.» La présidente de la région Poitou-Charentes s’exprimait hier soir à Bondy, en marge de la réunion de ses comités Désirs d’avenir. Pour bon nombre d’associations présentes aux côtés des demandeurs de carte de séjour, les régularisations ont été effectués «comme à la loterie». Solange Laurent, responsable de la permanence du Réseau éducation sans frontières du 12e arrondissement, l’a constaté: «Toutes les régularisations se sont faites sur des demandes datant du mois de juillet. Celles d’août ont toutes été refusées.» Reste que les quelque 20 000 personnes déboutées sont «très déçues», et se sentent «trahies ». «Les refus n’ont pas été justifiés… Le courrier notifiait juste qu’ils n’entretenaient pas suffisamment de liens avec la France, mais pas plus…» Aujourd’hui, on s’interroge sur l’avenir de ces sans-papiers. Arno Klarsfeld, médiateur national dans ce dossier, a donné une piste en forme d’espoir pour les familles, en déclarant lundi qu’il était «évident» que «les 23 000 familles qui n’ont pas été régularisées ne vont pas toutes être expulsées». Les familles qui n’ont pu bénéficier de la circulaire Sarkozy peuvent entrer dans le cadre d’autres procédures, en demandant par exemple l’asile politique, ou en utilisant les possibilités qu’offre le regroupement familial. Au ministère de l’Intérieur, on affirme qu’«il n’y aura pas de recherches systématiques pour faire des charters de déboutés».
Du côté des parents d’élèves et du monde scolaire, la mobilisation se poursuit également. La FSU, principe fédération du monde éducatif, a fait savoir mardi dans un communiqué qu’«elle s’opposerait à l’intervention policière à l’école» et poursuivrait «la mobilisation pour qu’il n’y ait aucune chaise vide dans les classes».
La médiatisation autour de ces cas de familles sans-papiers rendra d’autant plus difficile les expulsions, si elles ont lieu. La mobilisation, intacte, promet d’être au rendez-vous. L’exemple des événements récents de Cachan le confirme. Hier, peu après 12h30, des incidents ont éclaté lors de l’interpellation d’un père de famille par quatre policiers à proximité du gymnase de Cachan. D’après la conseillère régionale Malika Zediri, des personnes du gymnase ont alors tenté de s’interposer. Bombes lacrymogènes et matraques ont été utilisés, face aux jets de pierre et de cannettes. Pour le député-maire (PS) de Cachan, Jean-Yves Le Bouillonnec, ce contrôle a été vécu, par les hébergés, comme une nouvelle provocation. Il succédait à celui, lundi, d’un père de famille. Tous les moyens sont bons pour alerter la population sur la situation des «expulsables». Ainsi, les stars de cinéma Djamel Debbouze et Mathieu Kassovitz, étaient présents à Cachan. Josiane Balasko, de son coté, soutient de longue date les enfants menacés d’expulsion. Des exemples parmi les nombreuses actions de personnalités médiatiques, sensibilisées à cette cause.
CAROLINE HALAZY
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