Les députés français ont adopté ce matin, en première lecture, la proposition de loi socialiste rendant passible de prison la négation du génocide arménien. Un texte qui suscite une vive polémique avec la Turquie. En titrant ce matin «Liberté, égalité, stupidité», la une en français du journal turc Hürriyet (tendance centre droit) ironise, mais elle est révélatrice du degré de tension qui agite les relations francoturques.
Déjà, Ankara menace Paris de représailles économiques et politiques, alors que 250 entreprises françaises sont implantées en Turquie. Les rapports entre les deux pays seraient ainsi réduits au strict minimum. Concrètement, le texte réprimera désormais tout acte qui nierait les crimes perpétrés par un an de prison et 45 000 euros d’amende. Le projet vise aussi à soutenir les Arméniens. Selon eux, jusqu’à 1,5 million des leurs ont péri dans un génocide organisé par la Turquie, entre 1915 et 1917. Pourtant, le texte, soumis à l’Assemblée par le Parti socialiste, n’avait pas fait l’unanimité. Il a divisé les députés, mais surtout inquièté le gouvernement. Ce matin, le ministre délégué aux Affaires européennes, Catherine Colonna, a affirmé que le gouvernement «n’était pas favorable» à ce nouveau texte «puisqu’il existe déjà une loi sur ce sujet, et qu’elle s’impose à tous». Mardi, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a mis en garde la France, en qualifiant cette proposition de loi d’«éclipse de la raison», tout en mettant l’Hexagone face à son passé colonial.
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