A l’affiche du Serpent, un thriller haletant d’Eric Barbier, Yvan Attal achève aussi l’écriture des Sabines un conte fantastique de Marcel Aymé et s’apprête à jouer aux côtés de Jackie Chan dans Rush Hour III.
Interview avec un adepte du mélange des genres.
Après Anthony Zimmer, vous rempilez pour un deuxième thriller ?
Oui un vrai de vrai, adapté d’un polar très machiavélique de l’écrivain Ted Lewis autour des thèmes de l’humiliation et de la vengeance. C’est l’histoire d’un homme en instance de divorce rattrapé par son passé. Sa vie va basculer sous l’effet d’une machination orchestrée par un de ses anciens copains de classe.
On dit que c’est un triller à l’américaine made in France : un pari risqué ?
Je ne sais pas ce que cela veut dire un thriller à l’américaine. Oui il y a du spectacle et c’est intense. Mais on n’est pas dans le suspense pour le suspense. Il y a une vraie densité psychologique. Pas de manichéisme avec un bon et un méchant : tous les personnages sont complexes chacun avec sa part d’ombre et le scénario accorde une large place à la confrontation de leurs sentiments.
Le cinéma français est-il en train de s’américaniser ?
Quand j’ai fait Ma femme est une actrice, on a déjà dit que c’était une comédie à l’américaine. Il y a de très bons films américains et de mauvais films français et vice versa. Ce qui me fait peur c’est le formatage, les films conçus comme des produits commerciaux mais sans réel désir de faire du cinéma. Et ça il y en a partout en France comme aux Etats Unis.
Deuxième polar donc… seriez-vous en train de prendre goût au genre ?
Je crois qu’oui. Il y a un vrai plaisir à manipuler le téléspectateur, à tirer les ficelles et brouiller les cartes. C’est jubilatoire pour le cinéaste. D’ailleurs plus que de jouer dans un thriller, je voudrais maintenant en réaliser un. Je suis en train de chercher un polar. Si vous en avez un à me conseiller je suis preneur…
Vous allez aussi tourner dans Rush Hour III…
Je joue un chauffeur de taxi français qui n’aime pas les Américains. Je n’ai jamais fait un film que mes enfants pouvaient aller voir. Quand mon fils a entendu le nom de Jackie Chan il a sauté au plafond. C’est une bonne raison, non ?
Changement de casquette : on vous retrouve en avril dans la peau d’un candidat à l’élection présidentielle ?
C’est le premier film réalisé par Niels Arestrup, j’interprète un jeune candidat qui prépare, entre les deux tours des élections, le débat télévisé qui doit l'opposer à son adversaire.
Très tendance comme sujet
Il sort en avril, mais le film reste distant vis-à-vis de l’actualité, on ne se dit pas c’est François Hollande, Ségolène ou Nicolas Sarkozy. Le propos est ailleurs c’est une réflexion sur le jeu politique où la forme l’emporte sur le fond.
Comédien, acteur : deux facettes d’un même métier ?
Cela dépend de ce que l’on entend par comédien. Mais oui aujourd’hui un homme politique s’il veut convaincre doit répéter comme un acteur, s’entraîner, travailler son image, trouver les mots justes. Les médias ont changé la donne, la pression est forte et les faux-pas sont très coûteux.
Un système pervers ?
Il y a toujours le risque pour le candidat de s’éloigner de lui-même, de perdre une certaine part de son intégrité.
Et comment imaginez-vous le débat présidentiel ?
Je n’ai pas envie de prendre parti. Je suis convaincu ni par l’un, ni par l’autre des candidats. Je trouve en plus qu’un comédien n’a pas à faire de politique.
Résolutions pour 2007 ?
J’arrête de fumer… des cigarettes. (Dixit Yvan le cigare à la main).
Je réalise mon nouveau film, Les Sabines. Un conte fantastique de Marcel Aimé sur une femme qui a le don d’ubiquité, c’est-à-dire d’être dans plusieurs endroits au même instant. C’est une métaphore sur notre désir de vivre plusieurs vies. Mais lorsque l’on se dédouble, on finit toujours par se perdre…
Charlotte en sera encore l’héroïne ?
Oui. (Un ange passe).
14 ans de vie commune, deux enfants, et toujours autant envie de travailler ensemble, quel est votre secret ?
Il n’y a pas de secret. C’est comme tous les couples le quotidien est difficile. Mais on a la chance de faire un métier où l’on voyage. C’est Charlotte qui s’en va ou c’est moi qui pars en tournage. C’est comme une soupape dans la relation. Bien sûr, l’éloignement est toujours dangereux…
…D’où l’intérêt de travailler ensemble ?
Il faut se construire des moments ensemble, une histoire, un passé commun. Rien de pire qu’une vie trépidante menée tambour battant… chacun de son côté.
Une vie de cinéma
Un monde sans pitié :
Première apparition à l’écran
A 25 ans son rêve d’enfance se concrétise. Ce film d’Eric Rochant lance sa carrière. Yvan y interprète un ami squatteur aux côtés d’Hippolyte Girardot. Un rôle qui va lui valoir le prix Michel-Simon et le César du Meilleur Espoir Masculin l’année suivante.
Aux Yeux du Monde :
Rencontre avec la femme de sa vie
Yvan fait la connaissance de Charlotte Gainsbourg sur le tournage de cette comédie dramatique. Pour lui c’est le coup de foudre, mais il confesse avoir « du ramer avant de la séduire. » Depuis, ils ont fait deux enfants et plusieurs films ensemble.
Ma femme est une actrice
Premier film en tant que réalisateur
Yvan se passionne pour la mise en scène « encore plus enrichissante que le métier d’acteur ». Claude Berry lui donne sa chance. Le film sort en 2001 Salué par les critiques, Yvan récidive avec Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. Jamais deux sans trois…
Portrait
Inconditionnel de Coppola, Yvan Attal a toujours rêvé de cinéma. Il intègre le cours Florent et se fait remarquer au théâtre dans Biloxi Blues. Il décroche son premier rôle au cinéma à 25 ans, et le césar du meilleur jeune espoir dans la foulée. Il passe ensuite derrière la caméra, où il se met volontiers en scène avec sa muse et compagne Charlotte Gainsbourg. Depuis, Hollywood lui fait du pied, Sidney Pollack, Steven Spielberg l’ont fait tourner.
Sélection de phrases
Il y a un vrai plaisir à manipuler le téléspectateur, à tirer les ficelles et brouiller les cartes.
Je n’ai jamais fait un film que mes enfants pouvaient aller voir.
Je suis convaincu ni par l’un, ni par l’autre des candidats. Un comédien n’a pas à faire de politique.
Aujourd’hui un homme politique s’il veut convaincre doit répéter comme un acteur.
Interview réalisée par Gaëlle Bézier
Effectivement si l'acteur ne pense "rien "il vaut mieux qu'il se taise , mais pour ma part je trouve qu'une personnalite mediatique pourrait profiter de son aura pour faire avancer des ideés surtout quel'artiste en tant que tel à un rôle ,pour ma part important ,C'est quand meme lui, qui regarde d'une autre façon le monde qui nous entoure C'est parle biais de l'artiste que le monde change et devient plus humain.
Rédigé par : charlie | 26 janvier 2007 à 10:21
Je trouve qu'il a un très beau prénom !
Rédigé par : Calvin | 26 janvier 2007 à 19:38