"Les films de la semaine: la nostalgie au rendez-vous"
"La nostalgie est au rendez-vous sur grand écran cette semaine, avec deux films américains, "Bobby" d'Emilio Estevez, qui fait revivre l'Amérique démocrate des années 60 et "Rocky Balboa", où le boxeur incarné par Sylvester Stallone fait ses adieux au ring, trente ans après ses débuts. Les amoureux des polars de Fred Vargas, eux, ont rendez-vous avec "Pars vite et reviens tard" de Régis Wargnier.
- "Pars vite et reviens tard" de Régis Wargnier (France, 1H56) avec José Garcia, Marie Gillain, Lucas Belvaux, Olivier Gourmet, Nicolas Cazalé. Dans des immeubles de Paris, on retrouve des signes cabalistiques étranges (un 4 à l'envers et les lettres c, l et t) peints sur toutes les portes d'entrée sauf une. Policier intuitif, Jean-Baptiste Adamsberg sent qu'il y a là plus qu'une banale affaire de tags. En effet, chaque occupant des appartements sans le 4 à l'envers est retrouvé nu et couvert de plaques noires, frappé d'une mort que les médecins n'expliquent pas. Le commissaire subodore un lien avec les lettres mystérieuses, quelquefois même en latin, lues par le crieur des rues Joss Le Guern sur une place des Halles, à Paris. Adamsberg commence à traîner dans le quartier... L'adaptation réussie de l'un des meilleurs polars de la populaire romancière Fred Vargas, malgré quelques petites fausses notes dans la composition du commissaire Adamsberg par José Garcia.
- "Bobby" d'Emilio Estevez (Etats-Unis, 1H52) avec Anthony Hopkins, Sharon Stone, Demi Moore, Helen Hunt, Martin Sheen, Emilio Estevez, Harry Belafonte, Lindsay Lohan. Ce film-patchwork suit vingt-deux personnages. Leur point commun: ils travaillent ou résident à l'Ambassador Hotel, où Robert F. Kennedy a été abattu le soir de sa victoire aux primaires du Parti démocrate de Californie, le 5 juin 1968. "Bobby" suit leurs faits et gestes, de l'aube jusqu'au coup de feu de Sirhan Sirhan qui ôta la vie au sénateur, près de cinq ans après l'assassinat de son frère John, président des Etats-Unis. Parmi eux, des cuisiniers latinos en butte au racisme de l'encadrement blanc de l'hôtel, des adolescents amateurs de LSD, une vedette alcoolique et une jeune fille prête à contracter un mariage blanc pour éviter la guerre du Vietnam à un camarade. Pour tous, le discours humaniste de Robert F. Kennedy représente l'espoir d'une vie meilleure, et d'une Amérique ouverte à la justice sociale et plus tolérante.
Un film émouvant et très remarqué au dernier festival de Venise, qui brosse avec nostalgie le portrait d'une Amérique démocrate bouleversée par l'assassinat de Robert Kennedy. Et le retour au cinéma d'Emilio Estevez, 44 ans, fils de Martin Sheen, qui avait signé "Men at work" en 1990 et "The war at home" en 1996, avant de passer à la réalisation de téléfilms.
- "Rocky Balboa" de Sylvester Stallone (Etats-Unis, 1H45) avec Sylvester Stallone, Burt Young, Antonio Tarver, Milo Ventimiglia. Rocky, l'ex-champion du monde de boxe, a vieilli. A 60 ans, il vivote à Philadelphie, où il a ouvert un petit restaurant italien où il divertit les clients en racontant ses combats. Silhouette voûtée encore auréolée de gloire, il parcourt dans sa camionnette de livraisons le quartier populaire de sa jeunesse gangrené par la pauvreté, en compagnie de Paulie, son beau-frère et ami. Rocky vit seul depuis le décès de sa femme Adrian, emportée par un cancer. Un jour, un programme télévisé imagine de le confronter au champion du monde en titre dans un combat virtuel sur ordinateur. Pris de nostalgie et otage d'une colère sourde depuis qu'il a quitté le ring, Rocky décide de relever le défi. La nostalgie est au rendez-vous de ce "Rocky Balboa" qui parle du combat, aux résonances autobiographiques, qui oppose le héros à la vieillesse. Ecrit, joué et réalisé par Stallone trente ans après le premier "Rocky" qui avait remporté l'Oscar du meilleur film en 1976, ce 6e épisode des aventures du boxeur sera le dernier, selon son auteur.
- "L'étoile imaginaire" de Gianni Amelio (Italie, 1H44) avec Sergio Castellitto, Tai Ling. Castellitto est Vincenzo Buonavolonta ("bonne volonté") au nom prédestiné, un ouvrier spécialisé en maintenance dans une usine sidérurgique sur le point de fermer, en Italie. Une délégation d'hommes d'affaires chinois vient acheter le haut-fourneau, qui, il en est convaincu, possède un défaut susceptible de créer un grave accident. Lorsqu'il trouve la faille, les Chinois sont déjà rentrés à Shanghaï. N'écoutant que sa conscience, il s'envole pour la Chine: commence alors pour lui un long périple en quête de la lointaine usine sidérurgique. Il retrouve la jeune interprète embauchée le temps de la transaction, la jeune Liu Hua (Tai Ling), qui sera son guide, au départ plus que réticent. L'odyssée d'un ouvrier italien, magistralement interprété par Sergio Castellitto, à travers une Chine aux violents contrastes, en pleine mutation. Le film, en compétition officielle au dernier festival de Venise, alterne superbes paysages naturels, décors industriels et dédales urbains, au fil d'un récit aux accents réalistes, qui saisit une réalité sociologique contrastée et souvent brutale.
- "La Sagrada familia" de Sebastian Lelio Campos (Chili, 1H39) avec Nestor Cantillana, Sergio Hernandez, Patricia López, Coca Guazzini. Au Chili, de nos jours, Marco est un jeune homme sensible, peu sûr de lui, qui se rend dans la maison familiale, construite face à la mer par son père architecte, pour le week-end de Pâques. Marco veut présenter à ses parents, un couple bourgeois assez traditionnel mais relativement ouvert, sa petite amie du moment, Sofía, apprentie comédienne plus âgée que lui et bien moins farouche envers le sexe et la drogue. La mère de Marco étant bientôt appelée au chevet d'une amie, il se forme pendant ces trois jours, entre Marco, son père et Sofia, tour à tour provocatrice, séductrice et sourdement désespérée, un dangereux triangle.
Ce huis-clos joue le rôle d'un puissant révélateur pour chacun, empêtré dans des émotions mal identifiées, des frustrations et des douleurs enfouies. Les échanges, bien que feutrés, dynamitent bientôt les piliers de la société chilienne conservatrice et révèlent ses autres tabous, la drogue ou l'homosexualité. Le premier film, marqué par le cinéma d'un John Cassavetes, d'un talentueux jeune réalisateur de 32 ans. Très remarqué au Chili où il a suscité la polémique, "La Sagrada familia" a été filmé caméra à l'épaule en trois jours, à partir d'un scénario très succint.
- "Little children" de Todd Field (Etats-Unis, 2H20) avec Kate Winslet, Jennifer Connelly, Patrick Wilson. Une banlieue bourgeoise de la côte Est qui rappelle celle de la série télévisée "Desperate Housewives", est paniquée par l'arrivée d'un exhibitionniste tout juste sorti de prison. Deux voisins, Sarah et Brad, tous deux malheureux dans leur mariage et parents d'enfants en bas âge, entament une liaison adultérine. Deuxième film du réalisateur, comédien et photographe Todd Field, après "In the bedroom" avec Sissy Spacek, cinq fois nominé aux Oscars 2002, "Little Children" a été chaleureusement accueilli au dernier festival du film américain de Deauville, où il était en compétition.
- "Les ambitieux" de Catherine Corsini (France, 1H30) avec Karin Viard, Eric Caravaca, Jacques Veber, Gilles Cohen. Editrice, Judith Zahn tombe sous le charme de Julien (Eric Caravaca) jeune écrivain prometteur, qui la trahira en publiant un roman inspiré de l'histoire intime de sa famille. Judith décide de se venger. Huit ans après "La nouvelle Eve", Catherine Corsini retrouve la comédienne Karin Viard et brosse un nouveau portrait de femme.
- "Les âmes errantes" documentaire de Boris Lojkine (documentaire, 1H24). Tho et Doan, deux anciens combattants vietcongs décident de partir à la recherche des sépultures de leurs compagnons d'armes pour rendre leur dépouille aux familles.
- "Dol ou la vallée des tambours" d'Hiner Saleem (Kurdistan, France, 1H30) avec Nazmi Kirik, Belçim Bilgin. A la frontière de l'Irak, l'Iran et la Turquie, un kurde retourne se marier dans son village mais se voit obligé de passer du côté iranien de la frontière après un incident avec des militaires turcs.
- "Les petites vacances" d'Olivier Peyon (France, 1H30), avec Bernadette Lafont, Claude Brasseur, Adèle Csech, Lucas Franchi. Une grand-mère décide de prolonger indéfiniment les vacances avec ses deux petits-enfants. Un réjouissant road movie alpin aux airs de kidnapping, premier long-métrage de l'ex-assistant de production d'Idrissa Ouedraogo.
- "Pingpong" de Matthias Luthardt (Allemagne, 1H29) avec Sebastian Urzendowsky, Marion Mitterhammer, Clemens Berg, Falk Rockstroh. Paul, un adolescent qui vient de perdre son père, débarque chez son oncle. Le vernis de cette famille bourgeoise, apparemment parfaite, s'écaille bientôt... "Pingpong" a été présenté au dernier festival de Cannes, dans le cadre de la Semaine de la critique.
- "En avant, jeunesse" de Pedro Costa (Portugal, France, Suisse, 2H35) avec Ventura Vanda Duarte, Beatriz Duarte, Gustavo Sumpta. Délaissé par son épouse, Ventura, ouvrier cap-verdien de la banlieue de Lisbonne, se sent perdu, entre son ancien quartier délabré et son nouveau logement dans un bloc HLM. Tous les jeunes paumés qu'il rencontre deviennent ses propres enfants. Après "Ossos" (1998), et "Dans la chambre de Vanda" (2001), le dernier film de Pedro Costa, tourné pendant 15 mois, six jours sur sept, en caméra DV.
- "La vallée des fleurs" de Pan Nalin (France, Allemagne, Inde, 2H00) avec Mylène Jampanoï, Milind Soman, Naseerudin Shah. Une légende himalayenne sur une histoire d'amour confrontée à l'inéluctabilité de la mort." AFP
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