Je ne cesse de me poser des questions depuis que j'ai vu Babel.
En mangeant un steack frites à la cantine à midi, je me suis demandée si le steack frites était vraiment, pour un observateur neutre, la tortilla espagnole qu'on voit dans Babel, donnée aux 2 enfants américains par la "nounou". Les mexicains éprouvent-ils la même chose (pas individuellement mais en tant que nation) pour la tortilla que nous, français pur le steack frites.. ?
Et là, mon esprit s'est attaché au rôle du fusil. Tous les cinéphiles connaissent le film "le vieux fusil" et tous les amoureux de westerns connaissent "winchester 73" mais babel ne mériterait-il pas aussi d'être au niveau de ses films qui ont UNE arme pour héroine ET problématique.
En effet, le lien du film EST le fusil dont on évoque le chemin, le périple la trace !! Un japonais en fait cadeau à un paysan guide marocain qui le vend à un voisin qui le confie à ses fils dont l'un tue une touriste américaine..... mais il n y a pas que ça.
A un moment du mariage, Santiago (qui m'apparaît de plus en plus comme la clé du film) tire avec un pistolet, causant une peur terrible à l'enfant américain (que sa mère gravement blessée a RECOMMANDé à son père - alors que la fille semble plus fragile).
Santiagoo tire en l'air pour egayer la fête et sans intentions de faire mal et la caméra s'attarde sur le fait qu'il remet le pistolet à l'arrière de son patalon, dans sa ceinture.
Lors du problème au poste frontière, on s'attend à ce que les douaniers américains (quelle rigueur et profondeur là encore dans leur mise en scène avec parfois en arrière plan la photo de george Bush et leurs phrases, mises en évidence comme sorties d'un manuel, d'un code d'un processus qui a tout prévu...)
on s'attend donc à ce que les douaniers américains découvrent le pistolet MAIS RIEN NE SE PASSE.
Au même moment du film (et pas chronologiquement) le fusil atteint à la fois sa fin de vie (quand il est brisé par l'enfant meurtrier pour sauver son frère, qui a été blessé car l'enfant meurtrier avait visé les policiers... ET aussi sa naissance quand on apprend que le japonais a DONNé le fusil et que sa femme est morte en se tirant une balle dans la tête.... (avec la même arme ? est-ce pour ça qu'il l'a donnée ?)
Un nouveau lien apparaît alors.. le pistolet de santiago est-il le fusil.. projeté au mexique ?
le fusil est ce qui cause le problème de la mère
Au delà de l'océan, ses enfants sont en danger et il y a un pistolet, un petit fusil... parce que le problème est moins grave ? pour établir une parallèlisme entre parents/enfants et fusil/pistolet ?
Là encore babel brouille les cartes car la mère a recommandé au père l'enfant qui a le plus peur du pistolet.. et c'est la mère qui a été blessée....
Le fusil est-il la manifestation PHYSIQUE du problème que sous-entend le film ? ET QU ON POURRAIT EXPRIMER PAR:
"Ce qui nous blesse" nous entraîne AILLEURS
et non, "ce qui nous blesse" nous rend plus fort de Nietzsche...
Là aussi, une autre route vers les abîmes de la réflexion s'ouvre...... et j'en ai oublié le steack frites...
NB: Excusez moi de ne pas parler des acteurs du film mais ils n'existent pas. Ils sont tous simplement absorbés par les personnages. Les acteurs sont..... au delà d'acteurs.. ils ne jouent pas dans Babel, c'est le film qui les joue ... qui les utilise.. On a souvent parlé au cinéma de souffle épique mais babel a un souffle d'une autre nature.. à la fois un vent devastateur et à la fois un petit souffle, peu bruyant, sec mais qui déchire la tranquilité de l'esprit, des lieux de la pensée.. comme dans un parking la nuit.. quand un bruit, petit, sec, se fait entendre et raisonne tout en étant absorbé par les moteurs au repos des voitures, nos véhicules.. nos vecteurs de transport, nos françaises, nos japonaises, nos grosses et petites Audi qui nous transportent ailleurs sans forcément nous blesser, au contraire du fusil de babel.. mais finalement un accident de voiture n'est-il pas la même chose que babel..peut être avec la symbolique du bus, seul sur la route et tellement au centre de l'attention car le désert le rend nombre et nombreux...
A suivre...
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