Même modifié en partie, l’amendement du projet de loi de Brice Hortefeux continue de provoquer l’exaspération d’une grande partie de la classe politique. Le Sénat a tout de même autorisé cette nuit le recours aux tests ADN pour les candidats au regroupement familial. Les arguments fusent dans tous les sens pour dénoncer ou soutenir le texte. Dans les pour, d’autres pays européens comme l’Italie utilisent déjà ce moyen pour détecter les fraudes. Mais les détracteurs répondent aussitôt : ce n’est pas une raison pour les imiter ! Fait rare pour un amendement promis par le candidat Sarkozy, des personnalités de droite comme Charles Pasqua ou Dominique de Villepin se sont opposés à ce recours aux tests ADN. Des gaullistes à qui ce genre de pratique rappelle de mauvais souvenirs.
La résistance s’organise donc pour faire supprimer ce texte, déjà largement vidé de sa substance : seulement pratiqué sur la mère, aux frais de l’Etat, et soumis à l’autorisation d’un magistrat civil. Cette mesure ne concernera qu’un petit nombre de demandeurs. Alors pourquoi s’acharner à la faire passer, au risque d’un tollé général ? On connaît l’attachement de Nicolas Sarkozy aux tests ADN, lui qui avait déjà proposé un « dépistage de la délinquance » pour les jeunes enfants…Il avait su ranger cette idée au placard, pas cette fois. En face, de nombreuses personnalités ont signé la pétition de Charlie Hebdo (touchepasamonadn.com), de François Bayrou à Isabelle Adjani en passant par le PDG de la Fnac, Dominique de Villepin ou Raymond Aubrac. Au total, plus de 10 000 personnes l’ont signé en moins d’un jour !
Mais à moins d’une volte-face de l’Etat face à la grogne montante, l’amendement Hyest-Hortefeux est bien parti pour devenir légal. Quand le projet de loi sur l’immigration sera adopté dans son ensemble, une commission mixte paritaire (CMP Assemblée-Sénat) sera convoquée afin de mettre au point un texte commun aux deux assemblées. Celui-ci sera ensuite soumis aux députés et sénateurs pour son adoption définitive. Même retoqué, cette mesure paraît dangereuse. Elle va créer des précédents, sera sans doute élargie. Qui sait si dans un futur pas si lointain, tous les immigrés, puis les Français issus de l’immigration ne subiront pas le même sort que les candidats au regroupement familial ?
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