C’est officiel: les anciens combattants des colonies toucheront, dès 2007, les mêmes pensions que les Français. «Il n’y aura plus de différences dans ces deux prestations que sont les retraites du combattant et la pension militaire d’invalidité, entre les combattants de ces pays (des ex-colonies françaises) et les nationaux français », a déclaré ce matin Hamlaoui Mekachera, le ministre délégué aux Anciens combattants, à la sortie du Conseil des ministres.
L’ensemble coûtera 110 millions d’euros par an. Il s’agit là d’un des exemples les plus frappants de l’influence de l’art sur le fonctionnement politique. Le film Indigènes, du cinéaste Rachid Bouchareb, qui sort aujourd’hui sur les écrans français, aura à la fois réhabilité une page méconnue de l’histoire hexagonale, et sensibilisé les consciences, notamment politiques. Ces mesures concernent plus de 80 000 vétérans, issus de 23 pays différents, et tous âgés de plus de 65 ans. Pour comprendre cette situation, il faut ouvrir une page d’histoire. La loi du 26 décembre 1959 a gelé les retraites et les pensions des anciens combattants issus de l’empire colonial, qui participèrent à la libération de la France en 1944-1945. C’est ce qu’on a appelé, à l’époque, la «cristallisation». Il y a bien eu quelques tentatives de réparation. Le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative française, avait condamné en 2001 l’Etat français pour refus de revaloriser les pensions, mais sans effet. Selon le Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés), les anciens combattants étrangers reçoivent, «dans le meilleur des cas», 30% de la somme versée à leurs anciens collègues. A priori, il n’est pas question de faire de cette mesure une règle rétroactive. M. Mekachera a confirmé que «ce n’est pas d’actualité pour l’instant». Les associations se réjouissent de ces avancées, mais n’oublient pas les années passées à défendre leur cause et leur mémoire. Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a ainsi déploré «qu’il ait fallu attendre près de 50 ans pour que justice soit rendue».
CAROLINE HALAZY
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