Comme dans un jeu de miroirs, l'équipe de France dont la figure mythique jette au premier qui passe son brassard de capitaine renvoie l'image d'un pays qui doute. La France, comme son équipe de football donne au monde l'impression qu'elle se ment à elle même. Dans ce grand charivari où un néo mondialisme réunit en terre allemande des centaines de milliers de supporters, un kaléidoscope de couleurs joyeuses ne compte plus sur le bleu. Zidane désavoué par un fonctionnaire du banc de touche achève son règne dans un tourbillon auquel un autre monarque pourrait bien comparer le terme du sien. Ironie, c'est le chef de l'état lui-même, sentant la qualification incertaine, qui pria le premier de rechausser ses crampons tricolores. Mais le temps et la lassitude ont peu à peu réduit la volonté du capitaine comme celle du président. Certains diront que Zizou, lui, a vraiment connu son heure de gloire, qu'il ne lui fut pas nécessaire d'attendre le ralliement de ses adversaires pour gagner le match. Bien sur, comme toute comparaison, celle-ci trouve ses limites.
La sinistrose, la déclinologie, le non à l'Europe, le protectionnisme dissimulé sous les oripeaux du patriotisme économique, le climat détestable régnant au sein du gouvernement, l'incapacité à faire entendre un discours clair et cohérent semblent avoir nourri l'équipe de France dont même la rivalité Coupet-Barthez pouvait en rappeler une autre. Et si Domenech, dans ses tenues de cadre supérieur, n'a de supérieur que son air, il nous entraîne tous vers ce cul de sac où l'on soldera pour quelques soupirs nos espoirs déçus du 12 juillet 1998. L'histoire est impitoyable, elle n'oublie rien et présente la note à ceux qui la font comme à ceux qui la négligent.
Je crois au sursaut, nous avons tant besoin d'y croire encore. Avec leur moyenne d'age trop élevée et ses stars nanties, ces 23 bonshommes tiennent une part de nous-mêmes au bout des pieds. Alors prions pour qu'ils sentent souffler sur eux les vraies grandeurs de la France, celles qui ont amené nos grands hommes à refuser la défaite, à dire non, à vouloir. Ce match contre le Togo, et ceux qui suivront doivent éloigner cette équipe qui fut grande de l'ombre de l'Elysée qui est devenue si petite.
Lucilius
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